Comme je l'avais annoncé dans des articles antérieurs, le triomphe de Patrizia Ciofi a bien eu lieu. Comment aurait-il pu en être autrement face à l'une des cantatrices les plus marquantes de sa génération.
Sa Violetta est, de nos jours, sans aucune rivale. Elle maîtrise ce rôle, qu' elle a fait sien, avec une maestria incomparable. Du premier acte dont elle possède les aigus rayonnants, lumineux et solaires, au 3ème acte dont elle s'empare d'une manière exemplaire comme si ce rôle avait été écrit pour elle, elle ne pouvait que faire trembler les murs du Grand Théâtre de Genève.
15 minutes d'ovations ininterrompues l'ont saluée à la fin de la représentation.
Elle chante encore cette Traviata le 12 mars et si vous souhaitez ne pas manquer cet événement, il vous faut vous diriger, au plus vite, en direction de cette belle ville des bords du lac Léman.
Si vous ratez cette date, il faudra vous rendre au "Regio di Torino" en Italie les 5, 8, 10 et 13 mars prochains pour écouter, à nouveau, Patrizia Ciofi dans le rôle de Violetta. Un rôle qu'elle défend avec brio sur toutes les grandes scènes internationales.
Notre Nathalie Dessay que les snobs et les bobos parisiens avaient encensée lors du Festival d'Aix-en-Provence, paraît presque scolaire face à l'interprétation, déjà légendaire, de Patrizia Ciofi. Notre diva nationale étant beaucoup trop propulsée par certains médias. Comme notre ténor national, elle et lui ne détiennent pas, loin s'en faut, les premières places dans le monde de l'opéra !
Mais revenons à cette Traviata genevoise. Aux côtés de la Violetta admirable, brillante et émouvante de Patrizia Ciofi, ses collègues semblent peiner à trouver leurs marques. Cependant, après un début un peu laborieux, le ténor suédois Daniel Johansson, galvanisé par sa partenaire, offre un portrait crédible du personnage de Germont fils (Alfredo).
Le baryton grec Tassis Chirstoyannis, sans nous faire oublier les Leo Nucci, Renato Bruson, Ettore Bastianni… nous offre un Germont père, noble et bien chantant.
Direction musicale affectueuse mais d'une lenteur parfois presque excessive de Baldo Podic.
Mise en scène intelligente de David McVicar (l'un de mes metteurs en scène préférés) et très beaux décors et costumes signés de Tanya McCallin. Eclairages en demi-teintes utilisant de magnifiques clair-obscurs de Jennifer Tipton.
Dès le lever du rideau, j'ai immédiatement pensé à la "Traviata" qu'avait signée, jadis,Luchino Visconti !
Conclusion : une Traviata qui fera date dans les annales du GTG en raison de la présence irradiante de Patrizia Ciofi !